jeudi 5 avril 2012

Le « temps de projet » pour cultiver la créativité


L’imagination, ça se cultive. J’y crois. Et avec la vie quotidienne qui roule souvent trop vite, je trouve que les enfants n’ont pas tous la chance de faire pousser leur créativité.

Depuis plusieurs semaines, mes élèves de 1re année ont du temps pour eux le matin. On appelle ce moment le « temps de projet ». Après avoir défait leur sac et remis leur devoir dans le panier, ils peuvent aller lire au coin lecture (seul ou en duo), écrire des messages, faire un projet personnel d’écriture ou aller au coin des drapeaux. Je leur laisse une quinzaine de minutes, parfois davantage lorsque je vois que tout le monde s’investit à une tâche. Si je les vois bavarder ou déranger les autres, comme s’ils étaient en récréation, je coupe ce temps personnel et nous entamons le travail, tout simplement.

En quoi consiste le projet personnel d’écriture? Ça dépend vraiment des élèves…

Crédit: Paul Gooddy- freedigitalphoto.net
Chaque jour, souvent en après-midi, je leur lis un livre. Parfois, cette lecture allume une étincelle chez un élève. Lorsque nous avons travaillé « J’élève mon monstre » d’Élise Gravel, des élèves se sont mis à créer de nouveaux monstres domestiques. D’autres fois, je leur fais des suggestions. Toujours dans le thème des monstres, j’ai dit à mes élèves : « Ce serait une bonne idée de créer un livre de recettes pour monstres! » Deux garçons se sont lancés dans l’écriture de recettes pour monstres : soupe aux enfants, sandwich aux rats…

D’autres ont parfois leurs idées personnelles de projets. Ainsi, une élève qui recevait la visite d’un écureuil dans sa cour a décidé de faire une liste d’aliments qu'elle pourrait lui donner à manger, car elle voulait l’adopter. Un camarade de classe lui a fait remarquer qu’elle ne peut pas adopter l’écureuil, mais qu’elle pourrait l’apprivoiser. Plus tard à la bibliothèque, elle a cherché un documentaire sur les écureuils. Une autre fille a décidé, de son côté, de créer un livre pour filles seulement. Elle écrit des phrases sur une fille qui se maquille et qui porte du vernis à ongles.

À travers leurs projets, les élèves apprennent à utiliser différents outils pour trouver l’orthographe des mots. Au début, plusieurs venaient me demander d’épeler les mots. De plus en plus, ils apprennent à chercher ailleurs (mots-étiquettes, livres et dictionnaires). L’apprentissage le plus significatif est sans doute de terminer ce qu’ils commencent. Ce n’est pas évident pour tous.

Ce n’est pas une période de dessins ou de coloriage, mais s’ils ont terminé leur partie « écriture », ils peuvent l’illustrer. De même, s’ils ont besoin de l’ordinateur pour recopier leur texte, je leur permets de l’utiliser. Lorsque je ne suis pas avec un élève pour l’aider à corriger son texte, ce moment de la journée me permet de faire des entretiens de lectures (un élève à la fois vient me faire la lecture).

Depuis trois semaines, je lis à l’occasion des poèmes à mes élèves. J’ai commencé par les recueils de poésie de Guy Marchamps, mais nous avons aussi découvert le recueil « J’aime les poèmes » d’Henriette Major. Les illustrations poétiques et colorées de Philippe Béha plaisent beaucoup à mes élèves.

Hier, une fillette de 6 ans a décidé d’occuper son temps de projet à m’écrire un poème. Elle l’a ensuite illustré et me l’a glissé dans une enveloppe qu’elle a fabriquée. Lorsqu’elle me l’a remis et me l’a lu, elle m’a expliqué qu’elle avait eu l’idée de ce poème parce qu'elle aime beaucoup l’école.  


L’école, c’est la vie.
L’école, c’est drôle.
L’école, j’aime sa*.
L’école, c’est la terre.

(Florence, 6 ans)


*  Le texte est recopié tel quel. Je suis revenue sur cette faute et lui ai expliqué la règle du ça/sa.

5 commentaires:

  1. Trop mignon! Ma chère, te rends-tu compte de l'impact que tu as actuellement sur ces jeunes? Je suis certaine que ton inspiration leur ouvrira bien des lumières, pour maintenant et pour plus tard... :D

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  2. Henriette Major, c'était L'écrivaine (avec une majuscule) de ma jeunesse, sinon la première au moins la plus importante auteur-jeunesse la seule pendant bien des années. Une pionnière.

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  3. Marie St-Arnaud6 avril 2012 à 12:40

    De toute beauté! Ils apprennent à s'investir et c'est tellement important!

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  4. Tu es une magicienne, c'est ça ?
    Allez, dis-le ! ;)

    Le petit poème à la fin : très touchant. Une belle récompense pour toi. :)))

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  5. Isabelle: Quand on enseigne, je crois qu'on espère toujours avoir un certain impact positif sur les jeunes qui nous sont confiés. Merci pour tes beaux mots!

    ClaudeL: Je n'ai pas souvenir d'avoir lu Henriette Major quand j'étais jeune, mais à l'université, elle nous était présentée comme une pionnière de la littérature jeunesse. J'ai surtout découvert cette grade dame à travers le poème "À quoi ça sert, les poèmes" et Les devinettes d'Henriette, que j'adore.

    Marie: Oui, tout à fait!

    Sylvie: On m'a déjà dit que j'étais une sorcière. Mais va pour la magicienne! :)

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