mardi 25 septembre 2012

Départ en lion... (dromadaire, fennec ou scorpion?)


C’est fait! L’année scolaire est bien entamée, les routines de la classe commencent à être bien intégrées. Déjà, je peux dire que nous passerons une belle année, mes élèves et moi, et que nous voyagerons beaucoup, dans le confort de notre local.

Ces jours-ci, nous découvrons le Maroc et le désert. J’en avais parlé ici, deux auteures pour la jeunesse, Katia Canciani et Annie Groovie, participent au rallye Roses des Sables. Nous suivrons leur périple.

Une rose des sables
Lorsque j’ai expliqué à mes élèves le rallye auquel les deux auteures participeront et que je leur ai proposé de les suivre, tous étaient emballés. D’ailleurs, deux jours plus tard, un élève nous apportait une vraie rose des sables, dans une petite boîte. Nous avons discuté de ce que nous connaissons du désert. Je leur ai demandé s’ils voulaient poser des questions à nos deux aventurières. Les mains se sont levées, tout le monde avait son mot à dire. Nous leur avons écrit une lettre collective. C’est à travers cette activité que nous avons travaillé la différence entre une question et un commentaire. À cinq ans, ce n’est pas évident!

Certains élèves avaient des questions, d’autres désiraient ardemment donner des conseils aux aventurières. Nous avons pris la décision d’envoyer notre lettre par courriel, car c’est plus rapide que la poste. Le lendemain, nous recevions un courriel de Katia, qui répondait gentiment à nos questions. Avant de lire les réponses, j’ai demandé à l’élève concerné quelle était sa question. Je m’attendais à des « Je m’en souviens plus », mais non, tous les élèves ont bien répondu.

Voici les questions de mes élèves :
- Quelle couleur et quelle sorte sera votre véhicule?
- Où allez-vous dormir? 
- Est-ce qu’il y a des chameaux ou des dromadaires dans votre désert?
- Est-ce que vous allez visiter des châteaux ou des cités perdues?
- Est-ce qu’il y a des enfants et des écoles dans le désert?

Voici maintenant leurs conseils :

On a fait une liste pour vous deux des choses à ne pas oublier :
- Un gallon d’eau et des roues et des outils au cas où les roues se dégonflent
- Du gaz et à manger
- De la crème solaire
- Des parapluies au cas où il y ait une tempête de sable
- N’oublie pas de l’eau
- Une carte pour pas se perdre
- Des ustensiles pour manger
- Une tente avec des piquets et des cordes et un marteau pour pas que la tente s’envole
- Un mini-frigidaire pour la nourriture
- Oublie pas ton linge
- Un livre au cas où vous voulez lire et une montre

Si vous désirez lire les réponses de Katia Canciani, je vous invite à visiter la page Facebook de l’équipe. Katia nous a écrit le 11 septembre. Elle nous a appris, entre autres, que le rallye a aussi une composante humanitaire, nous expliquant ce que « humanitaire » veut dire.  

Depuis, de nombreuses autres questions ont surgi au sujet du Maroc et du désert. Nous explorons les documentaires sur ces sujets et y puisons peu à peu nos réponses.  Aussi, nous continuerons de découvrir les albums de nos deux amies auteures.

En octobre, nous travaillerons sur notre premier module de recherche qui nous amènera à nous questionner sur les différences et les ressemblances des enfants d’ici et d’ailleurs dans leur quotidien. Parions que mes élèves voudront découvrir comment vivent les enfants du Maroc.

Le 11 octobre, nous serons en pensée sur la ligne de départ avec les Plumes du désert. D'autres classes désirent se joindre à nous?


samedi 1 septembre 2012

Un visiteur... comme un livre d'histoire(s)



Je travaillais dans ma classe, fignolant les derniers détails afin que mon local et la planification de mes premières journées d’école soient prêts pour la rentrée, qui avait lieu le lendemain. Dans l’école, on pouvait entendre le son d’outils, car des ouvriers s’affairaient à compléter l’aménagement de notre belle école qui sentait encore « le neuf ». Une dernière journée pédagogique avant la rentrée officielle. La veille, nous avions reçu la première visite de nos élèves et de leurs parents, lors de la journée Portes ouvertes.  

Une journée encore à préparer cette rentrée. Et de nombreuses tâches à cocher sur la liste du travail à faire…

Vers la fin de l’avant-midi, un vieil homme est entré dans ma classe. Mon local est le premier qu’on peut apercevoir, tout près de l’entrée et du secrétariat. Cet homme avait profité du fait que les ouvriers avaient du matériel à transporter entre le camion garé devant la porte d’entrée et les locaux du deuxième étage pour se glisser dans l’école.


Lorsque je l’ai vu, regardant partout, je lui ai demandé :
-  Puis-je vous aider?
- Je prenais ma marche dans le quartier et j’étais curieux. C'est beau ici!
 Bonjour monsieur! Il faudrait passer voir la secrétaire avant de circuler dans l’école.


Madame Mireille retournait à son bureau au même moment.  L’homme hésitait. Sans doute savait-il qu’il ne pouvait pas être là.

- J’étais curieux. J’habite dans le quartier depuis 59 ans. J’ai vu cette école se bâtir. Mon ami était le directeur d’école. Je suis souvent venu ici. Ça a changé!

Et il a ajouté, avec le regard brillant de passion :

- J’ai travaillé dans le milieu de l’éducation pendant 35 ans. J’ai été enseignant pendant 20 ans et directeur d’une école secondaire pendant 15 ans. Je suis à la retraite depuis 34 ans.


Cet homme devant moi m’a émue. Il avait passé une partie de sa vie dans nos écoles de la commission scolaire. La page était tournée, il savait qu’il ne devait pas être là, mais cette ouverture d’école l’avait replongé dans ses souvenirs, souvenirs qu’il voulait sans doute revivre, l’espace d’un moment.

http://www.photo-de-classe.com 1960-1961
Je me suis approchée de lui, je lui ai serré la main et je lui ai proposé une visite des lieux. Nous sommes entrés dans chacun des locaux, et parfois, je lui présentais mes collègues. Il me questionnait sur les tableaux interactifs, me parlait de sa carrière, de ses écoles, dont celle qui avait brûlé alors qu’il était directeur, l’obligeant à changer de lieu de travail et à devenir l’adjoint ce celui qui était, quelques années plus tôt, son adjoint. Il s’extasiait sur la façon dont les pupitres étaient placés (en équipes de quatre), comparant à « son temps » :

-  Les élèves peuvent travailler en équipe. C’est bien! Dans mon temps, on ne pouvait pas faire ça, car les pupitres étaient vissés au sol.  


Au gymnage, il m’a expliqué qu’autrefois, il n’y avait pas de plancher comme maintenant. Le gymnase n’existait pas, c’était plutôt une salle de récréation.
-  Les jeunes avaient besoin d’un endroit où passer la récréation quand il pleuvait.


En circulant dans cette école fraîchement peinte et rénovée, je revivais un pan de son histoire. Le tour de l’école complété, j’ai accompagné le vieil homme à l’entrée. Devant le secrétariat, il m’a demandé si le directeur était présent.

-  Allons voir! lui ai-je dit.

En chemin, je lui ai présenté la secrétaire. J’ai cogné au bureau de mon directeur et lui ai expliqué que j’aimerais lui présenter quelqu’un. Lorsque l’homme est entré, il s’est présenté lui-même.

J’ai regardé, les yeux humides, l’échange entre ces deux directeurs, séparés par deux générations, mais unis par cette même passion qui les anime.

Lorsque le vieil homme a continué sa promenade dans le quartier, mon cerveau roulait comme un hamster dans sa roue. Dans plusieurs années, lorsque je serai à la retraite, est-ce qu’une jeune enseignante acceptera de me replonger dans mon passé de prof, ma passion? De me voir comme une collègue au lieu de simplement me voir comme une personne âgée? Ces nombreuses personnes qui nous entourent ont un passé, elles sont une richesse pour nous, des livres d’histoire(s) vivants. Est-ce que notre société en prend soin comme elles le méritent?