samedi 21 janvier 2012

Xīn nián hǎo!

Le lundi, 23 janvier 2012, les Chinois célébreront leur Nouvel An et quitteront le lapin pour entrer dans l'année du Dragon d'eau. 

Lorsque j'enseigne à la maternelle, la Chine est un thème que j'adore exploiter. L'histoire de ce peuple est riche, les différences avec notre culture sont impressionnantes et captivantes pour les enfants: contes, musique, arts, architecture, Grande Muraille, langue, d'où vient le riz et la soie, inventions, Empereur... les possibilités de découvertes sont infinies et la thématique peut facilement s'échelonner sur plusieurs semaines. 

Avant de commencer la thématique, j'envoie une lettre aux parents leur expliquant que nous allons faire un voyage en Chine. Je leur donne un devoir: trouver, avec leurs enfants, des inventions qui nous viennent de Chine (cerf-volant, brouette, boussole, papier, imprimerie, poudre à canon, feux d'artifice...). Ce sera le sujet d'une causerie et les élèves sont fiers de nous présenter le résultat de leur recherche. Certains parents impriment des pages directement sur Internet, certains enfants dessinent les inventions trouvées et le parent écrit le nom. 

Au début de chaque journée, on fait le salue au soleil et l'avion, car on part en voyage (psychomotricité).

On travaille la motricité fine en s'amusant à faire semblant de manger avec des baguettes et de la pâte à modeler. Pourquoi ne pas faire une collation spéciale et tenter de la manger avec nos baguettes? Une année, une mère nous a apporté des fromages et des sushis pour s'amuser à manger avec des baguettes, lors de notre fête de fin de thématique. (oui, oui, les sushis, c'est Japonais, mais le riz c'est important en Chine)


Pour ce qui est des albums que je lis aux élèves, j'aime bien leur faire découvrir le conte d'Anderson "Le Rossignol", car l'histoire se déroule dans le Palais de l'Empereur chinois (sans doute le Palais d'été).

Sinon, mon auteur/illustrateur préféré est Chen Jiang Hong. C'est un artiste d'origine chinoise qui habite depuis de nombreuses années en France. Il conçoit certaines de ses illustrations selon la méthode traditionnelle chinoise avec de l'encre de Chine et sur du papier de riz. Selon moi, tous ses livres sont des chefs d'oeuvre. Et ses contes sont différents de ce que j'ai l'habitude de lire en classe. Tous mes élèves apprécient et ont l'impression d'être vraiment en voyage. Mes albums préférés sont Lian, Petit Aigle et Le petit tigre, pour ce groupe d'âge. Ils sont tous à découvrir... (Voir la façon dont il travaille ici - Ça vaut la peine!)


Une classe de France a repris Lian  pour en faire
un spectacle d'ombres chinoises.


Pour en connaître davantage sur la Chine et pour trouver les noms de vos élèves (ou enfants) calligraphie chinoise, je vous invite à visiter Chine-information ou Chine-Nouvelle


Julie

nǐ hǎo = Bonjour

zài jiàn = Au revoir

xiè xiè = Merci

samedi 14 janvier 2012

Une histoire collective écrite des deux côtés de l'Atlantique



Un peu avant la rentrée scolaire, une enseignante française, passionnée de littérature pour la jeunesse, a contacté une amie auteure pour lui demander si elle connaissait une enseignante québécoise voulant participer à un projet France-Québec. Par chance, Andrée-Anne a pensé à moi… (Merci encore!)

Lorsque Céline Méténier m’a exposé son idée d’écrire un album collectivement, j’ai tout de suite accepté. 

Dès la rentrée, j’ai expliqué à mes élèves que nous allions correspondre avec une classe de France. Ce qui a fasciné mes élèves, c’est la notion de fuseaux horaires. Par moments, alors que nous travaillions, un élève levait sa main pour me demander ce que faisaient nos amis au même moment. À 6 ans, c’est amusant de savoir que nos nouveaux amis dorment alors que nous, nous sommes à l’école. 

Étant donné que la rentrée scolaire débute plus tôt au Québec qu’en France, nous avons fait les premiers pas. Nous avons envoyé un courriel à l’enseignante pour nous présenter et lui demander si sa classe voulait bien correspondre avec nous. 

Peu de temps après, nous avons reçu une réponse positive : ils étaient emballés et avaient hâte de découvrir le Québec. Tout au long de l’automne, nous avons échangé des lettres et des photos par courriel. Les élèves m’aidaient à décoder les messages et me dictaient ce qu’ils voulaient écrire et enseigner à nos amis sur notre ville, Louiseville. Nous sommes même allés voir leur école à Désertines et les rues avoisinantes, sur Google Map. 

Au fil des semaines, leur intérêt pour la France d’abord, et maintenant pour les pays en général, s’est accru. Si bien que nous avons maintenant un coin des pays derrière le coin lecture (mais ça, c’est une autre histoire!) 

Nous apprenons une autre réalité, une autre façon de s’exprimer en français, de nouvelles expressions, du nouveau vocabulaire. À un moment, quelques élèves ont commencé à m’appeler « maîtresse Julie », car c’est de cette façon que nos correspondants s’adressent à leur enseignante, maîtresse Céline. Puis, ils ont appris que ce que nous appelons ici un « sac d’école » s’appelle un « cartable »; ce que nous appelons un « cartable » au Québec, c’est un « classeur » en France… 

David Roux, illustrateur - Selon une élève de Céline Méténier:
«Ça m'étonnerait qu'il s'appelle David Roux, il a les cheveux gris...»
Dans une de nos lettres, nous avons écrit que notre album préféré est « Lustucru le loup qui pue », le premier livre que j’ai lu au début de l’année. Céline a commandé l’album et l’a raconté à ses élèves. Sans trop le savoir, c’était le départ de notre beau projet. La classe de Désertines a reçu la visite de l’illustrateur David Roux. Il a dessiné le personnage inventé par nos amis Français, un petit loup qui accumule les gaffes : Sparadrap, le loup maladroit. 

La classe de Céline Méténier a écrit le début d’une histoire et nous a demandé de poursuivre et de compléter cet album. Avant de quitter pour le congé des Fêtes, nous avons envoyé notre courriel et l’histoire complète pour que nos amis la lisent à leur retour de vacances. Beaucoup, beaucoup de travail de la part de mes cocos de 6-7 ans, mais ils sont très fiers d’eux. 

Petite anecdote : Lorsque j’ai lu l’histoire pour la première fois, un garçon a levé sa main, et m’a demandé, impressionné : « Comment tu fais, madame Julie, pour lire quelque chose écrit avec un accent français? » 

Dès les premiers jours de janvier, nous avons entrepris d’illustrer notre album (une page par élève) en s'inspirant du personnage créé par David Roux pour en avoir chacun exemplaire. Nous laisserons un livre dans le coin lecture et un autre à la bibliothèque afin que les autres élèves de l’école puissent découvrir cette histoire amusante, le résultat d’une collaboration des deux côtés de l’Atlantique.

Sparadrap le loup maladroit
Illustré par David Roux, d'après les idées
des élèves de Céline Méténier (Désertines, France)


Merci à Céline et à tes élèves de nous faire vivre ces beaux projets!

jeudi 12 janvier 2012

La joie des livres

On ne peut pas faire ça avec une liseuse ou une tablette électroniques...




Créée par Sean Ohlenkamp et sa femme, avec l'aide d'une vingtaine de volontaires
à la librairie Type, à Toronto.

lundi 2 janvier 2012

Sommes-nous capables de percevoir la beauté?



L’histoire se déroule dans l’entrée d’une station de métro de Washington, au moment où les gens s’apprêtent à se rendre au travail, un bon matin de janvier. Un jeune homme s’installe avec son violon et pendant 45 minutes, il joue des pièces de Bach.

Plus de 1000 personnes marchent sans ralentir le pas, sans le regarder. À un moment, une dame s’arrête et prend le temps d’écouter. Autour d’elle, on peut compter sur les doigts d’une main le nombre de personnes qui laissent la beauté de cette musique remplir leur cœur. 

Au total, le jeune homme récoltera 32$, dont 20$ donnés par la seule dame qui vient lui parler. Elle l’a reconnu, l’unique personne à reconnaître Joshua Bell, un des grands violonistes américains de notre époque, venu jouer sur son Stradivarius de 1713 valant 3,5 millions de dollars. Quelques jours plus tôt, il avait joué dans une salle à guichet fermé pour des spectateurs qui avaient déboursé 100$ par billet. 

Cette histoire a réellement eu lieu, dans le cadre d’une expérience dirigée par le Washington Post. Le journaliste a même eu le Prix Pullitzer 2008 pour son article. Sa conclusion : « Dans un environnement ordinaire, à une heure inappropriée, sommes-nous capables de percevoir la beauté, de nous arrêter pour l'apprécier, de reconnaître le talent dans un contexte inattendu ? » 

Lorsque j’ai entendu parler de cette expérience, il y a quelque temps déjà, j’ai été intriguée et même quelque peu troublée. Me serais-je arrêtée? Aurais-je ouvert grand les oreilles et apprécié, même si j’avais continué ma route? 

Nous vivons dans un monde qui roule parfois trop rapidement. Pour 2012, je nous souhaite d’arriver à apprécier les petits bonheurs et les beautés du monde qui saupoudrent notre vie, peu importe le temps de la journée et les tracas qui tricotent notre quotidien. 

Bonne et heureuse année!




Source: Washington Post 2007